Abdoulaye Bah, voix du monde sur Global Voices

Abdoulaye Bah est contributeur à Global Voices depuis décembre 2008. Originaire de la Guinée, en Afrique de l’ouest, il vit aujourd'hui principalement en Italie et en France. Il a déjà fait plus de 1200 posts en français, d’autres en italien et en anglais. Son nom revient très souvent dans la communauté GV. C’était un honneur de faire sa connaissance via GV connect.

Il raconte comment il a découvert GV:

“Je me le rappelle comme si c’était hier alors que ça fait déjà 6 ans! Il faisait un froid incroyable. Contrairement à Vienne où nous avons vécu deux décennies, à Rome, des fois, il fait presque plus froid dans les appartements aux étages supérieurs qu’à l’extérieur, avec le chauffage central. Emmitouflé des pieds jusqu’au cou dans un sac de couchage que nous utilisions lorsque nous faisions du camping, j’étais assis sur le divan à coté de ma femme. Je me suis mis à la recherche de quelque travail volontaire online. Ma femme regardait une série TV américaine, pour des discussions avec elle pour la télécommande et aussi pour qu’elle me laisse voir le match de football de l‘AS Roma, mon équipe, le lendemain.

Je suis tombé sur le site de GV. J’ai contacté Claire, la coordinatrice et éditrice. Lorsqu’elle m’a dit de choisir un texte anglais pour les tests habituels, j’en ai choisi un, mais du site de la BBC, avant qu’elle ne m’explique mon choix devait se limiter aux billets de la communauté GV. Je devais le traduire en français, sans consulter le dictionnaire pour 70 pour cent et le lui soumettre. Comme j’avais peu de familiarité avec mon portable, je ne savais pas comment agrandir les caractères d’un texte, je devais donc utiliser une loupe. Maintenant quand j’y pense je trouve que c’était comique. Finalement tout s’est bien passé et elle m’a inscrit. Nous étions à peine une vingtaine de membres, aujourd’hui nous sommes environ 15 fois plus, je crois.”

Étudiant, Abdoulaye a participé à la rédaction d’une revue destinée à sensibiliser les italiens aux problèmes des étudiants étrangers, en particulier le racisme. Ensuite, vers la fin des années 60, grâce à ses connaissances linguistiques et journalistiques il a été engagé au service de relations publiques d’une holding italienne qui accordait des bourses de perfectionnement à de jeunes cadres provenant des pays en développement.

“Ces stagiaires avaient à peu près mon age, nous partagions les mêmes rêves pour nos pays et avions une vision du monde assez similaire, tout en étant de pays différents, parce que nos jeunes nations avaient beaucoup en commun.”

Ces activités l’ont incité à chercher du travail aux Nations Unies où il a débuté comme rédacteur en chef d’une revue à Addis-Abéba, en Éthiopie, en 1975. Il a par la suite assumé différentes fonctions, dont certaines à Vienne, en Autriche. Lorsque ses deux premiers enfants ont commencé leurs études universitaires en Italie, il a préféré participer aux missions pour la paix des Nations Unies “au lieu de rester dans les bureaux feutrés à Vienne”. Au Cambodge, il a été, entre autre, responsable de la formation du personnel électoral et des contacts avec les médias. A Haïti et au Rwanda, il a été chef de la section des services généraux, en cumulant dans ce dernier pays ces fonctions avec celles de président d’une commission interne d’enquête, après le génocide.

La fin de la mission au Rwanda a coïncidé avec la mort dans un accident de la circulation de son dernier fils. Les autres enfants ayant terminé leurs études, il a perdu tout enthousiasme pour son travail et a pris sa retraité anticipée.

Quand on demande à Abdoulaye quels sont les sujets qui lui tiennent le plus à cœur en terme de médias, la réponse est nette.

“Sans l’ombre d’une hésitation, ce sont les problèmes de violations des droits humains sur tous les plans et ceux de la gouvernance. Les raisons en sont nombreuses.

En premier lieu, à cause de la situation particulière de mon pays qui n’a connu que des régimes qui ont commis les pires violations des droits de l’homme avec leurs lots de viols, de pillages des biens d’autrui, d’impunité et d’exécutions extra – judiciaires. Ce qui a eu comme conséquence son retard socio-économique par rapport aux autres pays africains.

Pourtant, le pays a un potentiel immense, qui fait qu’il est qualifié de ‘scandale géologique’ pour la variété de ses ressources minières et de “château de l’Afrique de l’Ouest”, pour ses nombreux fleuves, dont certains ont donné le nom à la Gambie, au Niger, au Nigeria et au Sénégal. Il pleut 9 mois sur 12 dans plusieurs parties pays. Le relief étant très varié, tout pourrait y pousser, des cultures méditerranéennes aux cultures tropicales. Mais, une grande partie de ce qui est consommé est importé par manque d’une politique agricole efficace. Selon les récentes informations, à cause de la crise provoquée par le virus Ebola, cette année, les populations sont exposées au risque de la faim.

En deuxième lieu, le fait d’avoir participé à des missions pour la paix m’a donné des raisons supplémentaires pour être un militant actif pour les droits humains.”

Abdoulaye a un conseil pour ceux qui débutent à GV:

“Je citerai Steve Jobs: ‘ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition. Tout le reste est secondaire’. Et j’ajouterais: N’ayez pas peur d’être ce qu’une niçoise m’a dit un jour, que j’étais: un “ficcanaso” (un fouineur), soyez curieux et passionné par ce qui vous entoure, même ce qui est loin de votre quotidien.”

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